
Il y a trois ans, j’ai commencé une série de voyages dans des environnements suspendus, vides et déserts. J’y cherchais un état de seuil, une confrontation intérieure à travers la marche, la solitude et le silence.
J’avais l’impression d’évoluer sur une pente abrupte et invisible, où rêve et cauchemar se confondaient.
En renouvelant cette mise en situation et en laissant place à l’errance et aux songes, j’ai compris mon attirance pour les profondeurs du noir et ses méandres. Non comme simple esthétique, mais comme résonance intérieure. Une réponse sourde à la violence du monde : à la destruction des écosystèmes, aux guerres, aux génocides, à la montée du fascisme, aux inégalités sociales criantes.
Face à ce poids, la photographie est devenue une voix silencieuse, un langage pour exister, pour être au monde, aussi sombre soit-il.
Au fil des années et des lieux que je traversais, j’ai fini par comprendre que cette pente n’avait qu’une seule inclinaison possible, vers le cauchemar. En l’acceptant et en déambulant à leurs côtés, ces cauchemars, en devenant mes complices, m’ont permis d’alléger cette charge. Du moins pour un certain temps, jusqu’aux prochains songes.